Edmonia Lewis : Pionnière oubliée de la sculpture américaine

Edmonia Lewis, sculptrice américaine du 19e siècle, est une figure remarquable mais longtemps méconnue de l’histoire de l’art. Première femme d’origine afro-américaine et amérindienne à atteindre une renommée internationale dans le domaine de la sculpture néoclassique, Lewis a brisé de nombreuses barrières raciales et de genre au cours de sa carrière.

Née vers 1844 dans l’État de New York, Lewis a dû surmonter de nombreux obstacles pour poursuivre sa vocation artistique. Malgré le racisme et le sexisme prévalents à son époque, elle a réussi à se forger une place dans le monde de l’art, principalement dominé par les hommes blancs.

Les œuvres de Lewis, caractérisées par leur sensibilité néoclassique et leur exploration des thèmes liés à ses origines mixtes, ont captivé l’attention du public et des critiques. Parmi ses créations les plus célèbres figurent «La Mort de Cléopâtre» (1876) et «Hiawatha» (1868), qui témoignent de sa maîtrise technique et de sa capacité à infuser ses sculptures d’une profonde signification culturelle et historique.

Malgré son succès initial, Lewis a connu une période d’oubli relatif après sa mort en 1907. Ce n’est que récemment que son travail a été redécouvert et réévalué, suscitant un regain d’intérêt pour son héritage artistique unique. Aujourd’hui, Edmonia Lewis est célébrée non seulement pour ses réalisations artistiques, mais aussi pour son rôle de pionnière ayant ouvert la voie à de futures générations d’artistes issus de minorités.

Biographie 

Edmonia Lewis, née Mary Edmonia Lewis vers 1844 à Greenbush, New York, était la fille d’un père afro-haïtien et d’une mère d’origine ojibwée. Orpheline à l’âge de neuf ans, elle fut élevée par des parents maternels jusqu’à son adolescence.

En 1859, Lewis intègre le prestigieux Oberlin College dans l’Ohio, devenant l’une des premières femmes de couleur à y étudier. Cependant, son parcours académique est interrompu par des accusations infondées de tentative d’empoisonnement sur deux de ses camarades blanches, suivies d’une violente agression raciste. Bien qu’acquittée, Lewis quitte Oberlin en 1863 sans diplôme.

Déterminée à poursuivre une carrière artistique, elle s’installe à Boston où elle rencontre le sculpteur Edward Brackett qui devient son mentor. Ses premiers bustes, représentant des figures abolitionnistes comme John Brown et le Colonel Robert Gould Shaw, attirent l’attention et lui permettent de financer son voyage en Italie en 1865.

À Rome, Lewis s’épanouit artistiquement, maîtrisant les techniques de la sculpture sur marbre et développant son style distinctif. Elle y crée ses œuvres les plus célèbres, dont «Forever Free» (1867) célébrant l’émancipation des esclaves, et «La Mort de Cléopâtre» (1876), présentée à l’Exposition universelle de Philadelphie.

Malgré son succès, Lewis fait face à des défis constants liés à son sexe et à sa race. Elle travaille souvent seule, refusant l’aide d’assistants masculins pour éviter les rumeurs selon lesquelles elle ne serait pas l’auteure de ses œuvres.

Les dernières années de sa vie sont obscures. Elle aurait vécu à Rome jusqu’en 1901, avant de s’installer à Londres où elle serait décédée en 1907. La plupart de ses œuvres ont été perdues ou détruites, mais celles qui subsistent témoignent de son talent exceptionnel et de son importance historique en tant que pionnière de la sculpture américaine.

Sara Boueche

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