– L’Algérie célèbre mardi la Journée nationale de l’immigration commémorant les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris, une occasion de rappeler, 62 ans après ce crime abjecte commis contre des Algériens en exil, les massacres et autres pratiques criminelles du colonisateur français pendant la guerre de libération nationale.
A cette occasion, plusieurs conférences et rencontres seront organisées et une minute de silence sera observée à travers tout le pays, conformément à l’instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune qui a souligné l’importance d’évoquer « les massacres odieux commis par le colonisateur inique contre les enfants du peuple algérien en exil, qui ont démontré par leurs positions à travers l’histoire que pour eux, l’exil ce n’est pas l’abandon de la patrie, ni l’éloignement des souffrances ou des espoirs de leurs compatriotes ».
L’accent sera mis, lors de cet événement historique, sur divers aspects du crime commis par les forces de police françaises contre les citoyens algériens sortis dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu arbitraire et raciste imposé par le préfet de police, Maurice Papon, condamné en 1998 pour crimes contre l’humanité.
En effet, il y a 62 ans, des dizaines de milliers d’Algériens se sont rassemblés à Paris, pour dénoncer les pratiques discriminatoires françaises et revendiquer l’indépendance de l’Algérie.
Selon les historiens, les autorités françaises avaient élaboré un plan pour réprimer violemment ces manifestations en mobilisant un dispositif sécuritaire important, soutenu par des forces auxiliaires composées de harkis, pour commettre un crime contre l’humanité imprescriptible et non amnistiable.
L’avocat de la cause algérienne, Jacques Vergès avait critiqué la politique de « deux poids, deux mesures » dans le traitement des questions relevant du colonialisme lorsqu’il s’agit des Algériens, ainsi que la rapidité avec laquelle les autorités françaises ont condamné Maurice Papon pour son implication dans la déportation des Juifs, sans l’importuner pour ses crimes contre les Algériens dont il a donné l’ordre de jeter dans la Seine.
« Nos dirigeants français sont atteints de daltonisme politique et moral », n’a eu de cesse de répéter Maître Vergès.
62 ans après ce crime, la France persiste toujours à ne pas le reconnaître, même si les événements ont été documentés par de nombreux historiens et chercheurs.
L’Etat français n’a pas autorisé la création d’une commission d’enquête et aucune plainte n’a reçu une réponse concernant les scènes de violences, de meurtres et de tortures systématiques qui ont coûté la vie à un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, dont les corps flottaient dans les eaux de la Seine, et des milliers de personnes ont été victimes d’expulsion et de disparition forcée.
Dans ce cadre, de nombreuses organisations des droits de l’homme et des personnalités, y compris en France, continuent de demander à l’Etat français de reconnaitre officiellement les massacres du 17 octobre 1961 et d’en assumer la responsabilité historique.
L`historien français, Jean-Luc Einaudi, avait déclaré que les massacres du 17 octobre ont eu lieu au cœur de Paris battant en brèche l’allégation officielle que la France est l’Etat des droits de l’homme.